samedi 24 septembre 2022

Mon Echappée Belle covidée ? 19/08/2022



L'Echappée Belle ? On dirait une jolie bande annonce pour un week-end pénard à la montagne. Bon en lisant bien les petites lignes, il y a aussi écrit Traversée Nord de 84 km et 6100m de D+ en maximum 30 heures. Et puis il y a aussi ce petit graphique sympathique 😀


Avec ça, essayé d'estimer des temps de passage n'est pas simple, je pars donc sur cette estimation un peu optimiste :


 

Le trajet aller se fait le vendredi tranquille avec Vania. Nous arrivons en début d'après-midi à Aiguebelle et allons directement retirer les dossards mais ce n'est pas ouvert. Nous repartons donc vers le parc de l'arrivée pour aller planter la tente. Après négociation avec Nicolas de Normandie nous trouvons une petite place (place à moitié sur un pseudo passage piétons qui va coûter une amende pour stationnement gênant...).  Nous repérons l'espace des tentes et apportons nos affaires. Vania prend en charge le montage de la tente... je n'y comprends que dalle et elle, elle joue avec les baguettes, les toiles... pendant ce temps-là je me fais dévorer par une horde de moustiques affamés 😓.






Elle s'en sort rapidement et direction le retrait des dossards qui se fait en 5 min. Cette année le tee-shirt a une jolie couleur et une coupe femme ! Nous faisons un petit tour en ville et là nous découvrons l'espace camping. Bon nous ne sommes pas au bon endroit mais il y avait aussi pleins de tentes dans le parc d'arrivée. Nous ne redémonterons pas.





La météo s'annonce clémente (contrairement à l'ultra parti la veille) et le pic de forme est là. Les planètes s'alignent ?




Retour à la tente et préparation du sac de trail, du sac d'allègement pour la base de vie et du sac pour Karim. J'ai l'impression d'emmener 2 kg de bouffe, d'avoir peur de manquer et tout en me disant que je vais encore en rapporter la moitié. La peur de manquer... C'est quitte ou double... Vous allez bien rire après... Bref le sac est obèse... avant que ce soit moi qui le soit 😂



Une fois le sac fait, c'est le dîner, le même que d'habitude : filets de maquereau, riz à la tomate et en dessert riz au lait, douche dans le gymnase à côté et au lit à 21h00 ! Rapidement je réalise que ce n'est pas plat, je glisse avec mon sac de couchage. Solution sortir du sac et me mettre directement sur le tapis de sol. Je dors mal, j'ai mal à l'estomac, bizarre. Je me lève une fois pour faire pipi. J'entends Vania se lever à 2h30 et je me rassoupis. Nous ne sommes pas dans la même vague. Lever pour moi à 3h00 pour être à 3h30 dans le bus. Ca va être chaud, m'habiller, un petit tour au gymnase pour passer aux WC, retour à la tente, boire un café et me presser d'aller dans le bus. Les 2 cars sont déjà quasiment pleins quand j'arrive 😅. Du coup, je monte de suite et ferme les yeux pour essayer de grapiller quelques minutes de sommeil et au moins comme ça je ne serai pas barbouillée par le trajet. Je grignote dans le bus juste avant de descendre.



Quand j'arrive à Fond de France, la première vague n'est pas encore partie. Je cherche Vania et la retrouve dans le sas de départ. Le départ va être donné en retard à cause de débalisage sur un tronçon.




Départ pour moi à 5h33, il fait 14°C c'est doux. Ca démarre par un peu de goudron puis un long chemin forestier montant, je me sens bien. Puis première descente en sous-bois et premières glissades sur le cul... Je me retourne une phalange de l'index car je tenais mal mes bâtons quand j'ai glissé... Ensuite les choses sérieuses débutent par la montée vers le col de la Valloire (2751m), col de Moretan. 7h pour arriver là (21km et 2300m D+) Comment dire... c'est un chantier à ciel couvert 😂.







Mes tendons vont bien travailler car les chevilles vont dans tous les sens sur ces blocs de rochers. Pas de chemin sur plusieurs kilomètres, juste des petits fanions orange tous les 30m environ. Quelle galère.






La descente n'est pas de tout repos.



Il faut ranger les bâtons, mettre les gants et descendre le long de la ligne de vie. La neige a regelé dans la nuit et même à midi la neige est bien dure... D'ailleurs un gars s'est ouvert le genou et attend sagement sous une couverture de survie l'hélico qui devra se poser sur la névée. Mais l'hélico n'arrive pas à passer à cause des nuages bas qui se déplacent vite, on l'entend tourner, partir et revenir au bout d'un certain temps... En descendant vers Périoule, il y aura aussi une crête équipée d'une ligne de vie et j'avoue c'était plutôt rassurant car les cailloux roulaient dans tout les sens. 

Après tout se mélange... c'est comme un puzzle à faire mais que je n'ai pas réussi à terminer. Mon cerveau est passé en mode dégradé... Je serai à Super Collet, la base de vie, à 17h05 et la barrière horaire est à 18h00. J'ai de la marge mais pas tant que ça surtout que je n'arrive plus trop à manger. Je cherche mon sac et ne le trouve pas. Au bout d'un moment quelqu'un me dit que ce n'est pas là. Je cherche dans les sacs que les coureurs ont redéposés pour l'arrivée 😞. Je bricole avec la bouffe mais je bois. Je repars, ça monte, je suis dans les nuages... Je croise un photographe qui rentrait, il a ressorti son appareil mais je ne retrouverai jamais la photo. Râtée ? Dans le brouillard ? La nuit risque de tomber tôt. Mon prochain objectif est le ravito de Val Pelouse car il y aura Karim. J'y arriverai à 0h30, la barrière horaire est à 2h. J'ai de la marge. Je papote un peu avec Karim, remplis mes poches à eau, je ne récupère pas de bouffe, je n'ai envie de rien. Le parcours entre Val Pelouse et le col du Champet est interminable. Je vais assister à un très beau lever de lune. J'avais déjà couru cette partie en 2017 quand j'avais fait le parcours des Crêtes. J'avais déjà fait cette partie de nuit et trouvé ça interminable. Je fais le yoyo avec les mêmes coureurs. Il fait très froid, il y a maintenant du vent et ça mouille. J'avale une bouchée de barre de temps en temps, quelques oursons Haribo et prie pour que ça prenne le bon chemin... A la frontale, c'est marrant je vois de grandes taches blanches ce sont les myrtilliers qui réfléchissent la lumière. Je vais attendre avec impatience la descente en sous-bois vers le Bourget-en-Huile pour être abritée et au sec. Les chemins ont été ravagés par les fortes pluies des jours précédents, c'est impressionnant. Un gars de l'ultra préfère rester derrière moi pour rester éveillé ! On va papoter un petit moment mais je vais devoir m'arrêter car ma frontale me lâche. Je dois enlever la batterie, prendre le téléphone pour éclairer, trouver les piles et les mettre. Le jour se lève -le 2ème lever de soleil en course - et je suis presque au dernier ravito du Bourget-en-Huile. C'est très joli, il y a de la brume dans le fond de vallée. Je vais manger une tranche de pain d'épices, boire du coca, m'assoir quelques minutes et repartir. Ma montre va choisir ce moment pour me lâcher... Elle aura tenu 27h. Je n'ai pas sommeil, je ne titube pas mais je vois des choses bizarre : des bancs, des animaux... Je vais m'asseoir sur le bord du chemin et fermer les yeux quelques minutes. Ca ira mieux après. Arrivée au Fort de Montgilbert, je sais qu'il reste une longue descente avant l'arrivée. Je me remets à courir le temps va passer plus vite... Je redouble tout ceux qui m'avaient doublé depuis le ravito et doivent se demander quelle mouche m'a piquée 😂. La descente n'est pas technique mais looongue, je n'ai plus de montre alors j'avance. J'arriverai en courant à 10h39 à Aiguebelle soit 1h20 avant la barrière horaire. Ouf ! Vania est là. J'ai mal fait sonner la cloche alors je resonne ! Anecdotiquement je termine 351/366 et 10/13 en V2F.






Musculairement et articulairement pas de dégâts, je vais très vite récupérer. Dès le mardi, je peux descendre normalement les escaliers. Mais il y a un gros hic, j'ai chopé le Covid. Quand ? Avant la course, pendant ? Impossible de savoir mais cela va me mettre à plat 2 semaines. Je vais m'en souvenir.